Les conseils de Menstore : Tom Of Finland, symbole du fantasme gay

Tom of Finland, voilà un nom qui résonne chez beaucoup de monde, principalement gay, et qui en émoustille plus d’un. Aujourd’hui passées à la postérité, voire au chef d’oeuvre, les créations de ce dessinateur sont à la base des croquis représentant les fantasmes et la sexualité de leur auteur. Et d’ailleurs, fait beaucoup moins connu, derrière le pseudonyme Tom of Finland se cache en fait Touko Laaksonen, un Finlandais qui a appris à découvrir sa sexualité au travers de scènes homoérotiques fétichistes qui influenceront jusque dans la mode et l’art.

De « petits dessins cochons »

C’est Touko qui définit lui-même son oeuvre avec un regard très pragmatique, qu’il explique en 1991, l’année de son décès : « Je sais bien que mes petits dessins cochons ne se retrouveront jamais accrochés aux murs des grands salons du Louvre, mais j’espère qu’un jour, notre monde saura accepter qu’il y a toutes sortes de manières d’aimer ». C’est une vision qu’il a défendue, et c’est d’ailleurs cette fierté et cette absence de jugements quelqu’ils soient qui lui a entre autre valu l’admiration de toute une communauté. Au final, ses célèbres oeuvres sont nées de fantasmes plutôt intimes et personnels, et d’une façon de raconter ses fantasmes. Pour mieux comprendre, il faut s’intéresser à la vie de Touko. Né en 1920 en Finlande, il se dirige vers des études d’art à Helsinki dès ses 19 ans. Plutôt doué, il s’entraine en immortalisant des travailleurs qu’il peut croiser à certains coins de rue. La Seconde Guerre Mondiale faisant rage, il est appelé pour combattre lors de la Guerre d’Hivers contre l’URSS. C’est dans ces moments de stress et d’inconnu qu’il trouve toute l’essence de son inspiration qui fera sa réputation. Enrôlé, il se retrouve dans des milieux exclusivement masculins, virils, machos. Mais il y voyait également une certaine fraternité entre ces hommes qui n’ont que leurs frères d’armes pour affronter cette sombre période. Et également une homosexualité cachée mais présente, où les hommes s’adonnent à leurs envies et à leur sexualité à l’écart des regards. C’est ainsi que Louko trouvera son essence qu’il ne lâchera jamais : les uniformes, le cuir, les bérets, mais également les physiques sculptés, très peu pudiques, qu’il réussira à exacerber notamment avec des muscles et des bites surdimensionnées. Cet univers emprunté aux codes fétiches n’a pas eu de mal à trouver son public, dans un premier temps sous forme de croquis échangés sous le manteau et derrière les fourrés sombres des rencontres gay.

Quand la virilité rencontre le porno gay

Car c’est justement en cassant les codes que Tom of Finland a pu créer les siens. À l’opposé des clichés des hommes gay, efféminés ou précieux qui étaient légion dans l’imaginaire collectif (et encore aujourd’hui). Ici, ce sont des mâles virils qui aiment à se retrouver entre hommes et à explorer une sexualité qui n’a pas de nom. Finalement, à aucun moment ces personnages fictifs n’abordent la question de l’homosexualité ou de l’hétérosexualité, mais souhaitent simplement passer de bons moments libérés, entre hommes. L’imaginaire et les scènes sont d’ailleurs inspirés de l’univers fétichiste gay, et particulièrement autour du cuir. On retrouve ainsi régulièrement des hommes en harnais, des scènes de domination/soumission, des esclaves, des scènes de groupes, des relations inter-ethniques, mais également des pratiques sexuelles gay comme le fist. La touche finale en plus du coup de crayon incontestablement maîtrisé et des codes homoérotiques vient bien sûr des fantasmes scénographiés sans la moindre vulgarité tout en évitant les tabous, dans lesquels beaucoup d’hommes gay se sont retrouvés, qu’ils soient fétichistes ou non d’ailleurs. Des muscles saillants, énormes et bien sûr des pénis XXXL même au repos, encore plus en érection, et des couilles très grosses et lisses. On pourrait croire aujourd’hui que c’est du déjà vu, et pourtant nous sommes en 1957 et c’est totalement révolutionnaire. Ainsi, policiers, pompiers, fermiers sont montrés dans des orgies très excitantes, tout en gardant cette image très graphique propre à Tom of Finland : un sens du détail qui sublime le corps masculin, jusque dans ses moindres détails. C’est d’ailleurs cette même année qu’il envoie pour la première fois ses croquis au magazine américain Physique Pictorial sous le nom de Tom of Finland, nom avec lequel il signera toutes ses oeuvres. Le succès fut immédiat et il décida de partir vivre aux Etats-Unis, une destination qui lui permettra d’incarner le personnage qu’il a créé. Très prolifique, ses dessins n’ont pas ou peu de dialogues et sont pour la plupart des one shots furtifs. Il a toutefois également créé une série de comics sous le nom Kake, qui regroupe beaucoup de ses personnages virils, comprenant 26 numéros sous forme de livrets d’une vingtaine de pages et popularisant d’autant plus cette sexualité gay et fétichiste. Certains disent même que Tom Of Finland est à l’origine de la culture SM gay.

Tom of Finland, le symbole gay de la pop culture

Touko Laaksonen décède en 1991, et c’est étonnamment après que son oeuvre passa à la postérité. Les dessins, de par leur qualité, leur message, la fierté assumée ont inspiré de nombreux artistes, jusque dans la pop culture telle qu’on la connait aujourd’hui. Sans que ce soit officiel, on distingue dans les looks de Freddy Mercury ou même des Village People les codes du dessinateur : blousons en cuir, poils, personnages virils, moustaches. Mais on peut également parler de Jean-Paul Gaultier, grand fan de l’artiste, et ses marins ou encore Tom Ford. Le monde de la mode n’a pas été le seul impacté, le monde de l’art a également été un peu bousculé, tiraillé entre les fans et les détracteurs de ces fantasmes fétichistes. En 2021, l’oeuvre est peut être moins mise en avant mais est toujours aussi connue. En 1999, l’institut finlandais de Paris lui offre une exposition, et le musée d’Art Moderne a réservé une place permanente à plusieurs dessins. De plus, la marque française État Libre d’Orange a créé un parfum à l’effigie de Tom of Finland. L’éditeur Taschen a sorti un livre XXL sous forme de compilation et d’interviews. En 2017, un biopic est également sorti au cinéma, mettant encore un peu plus la lumière sur ce dessinateur. Certains dessins originaux se vendent dans des ventes aux enchères, signe d’un attrait toujours vif. Aujourd’hui, c’est la Fondation Tom of Finland qui est propriétaire des droits et s’est donnée comme mission de protéger et promouvoir l’art érotique dans le monde. Elle propose d’ailleurs également de visiter la résidence de Touko Laaksonen à Los Angeles.

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